« Au-delà de la coordination, notre rôle est d’offrir du financement de démarrage et de rechercher des partenaires experts ou financiers »

Jacques Rajotte, directeur exécutif intérimaire du Centre d’expertise internationale de Montréal en intelligence artificielle (CEIMIA), détaille le rôle du centre au sein du PMIA et auprès des experts. 

Quel est le rôle du CEIMIA au sein du PMIA ? 

Les centres d’expertise comme le CEIMIA jouent un rôle au niveau de la gouvernance au sein du PMIA. Nous appuyons à la fois le comité directeur et le conseil sur une série de questions telles l’évaluation des candidatures des pays et des experts, à l’exception des experts directement nommés par les pays membres. L’an dernier, le CEIMIA a également été à l’initiative de l’organisation du sommet du PMIA en forme virtuelle, conséquence de la pandémie de coronavirus. Un rôle cette année endossé par l’INRIA.

Quels sont vos rapports avec les comités d’experts ?

Grâce au soutien d’une équipe de professionnels intégrés au centre, nous apportons aux experts – qui travaillent de façon pro bono – un appui technique et logistique. Nous les aidons à organiser leurs mandats et leurs priorités de travail. Lorsque requis, nous lançons aussi des appels d’offres pour recruter des partenaires susceptibles de donner une capacité de réalisation à ces groupes. Par exemple, dans le cadre du groupe de travail sur la gouvernance des données, nous avons retenu à la fois l’Institut Alan Turing et l’organisation Open Data Institute pour appuyer les experts du PMIA pour la mise en œuvre de projets en IA appliquée visant les domaines de la justice et de la fiducie des données. Au-delà de la coordination, notre rôle est aussi d’offrir du financement de démarrage et de rechercher activement, avec les experts, des partenaires de connaissance ou encore des partenaires financiers. Grâce au soutien du gouvernement du Canada et de celui du Québec, nous disposons d’un budget de 10 millions d’euros sur cinq ans. Cette dimension permet aussi au travail du PMIA de s’ancrer et de rayonner avec le reste de la communauté internationale à propos de sujets sur lesquels il aura pris un rôle de leadership mais qu’il partagera ensuite avec la communauté afin d’obtenir le maximum d’impact possible. 

Au-delà du PMIA, quelles sont vos ambitions ? 

À l’intérieur du PMIA mais aussi en tant qu’institution propre, nous nous sommes donnés comme mission de porter la voix des pays du Sud dans l’écosystème AI. L’une de nos premières démarches a été d’approcher le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) au Canada en vue d’obtenir un financement pour la mise sur pied d’un programme de résidence d’experts en intelligence artificielle provenant des pays du Sud. Cette initiative nous permettra d’accueillir au sein de notre équipe quelques experts, initialement d’Afrique mais aussi plus largement d’Asie et d’Amérique latine. La collaboration avec ces experts en résidence favorisera aussi le développement de notre réseau au sein des écosystèmes IA du Sud et nous assurera que les projets que nous mettrons en œuvre seront réalisés en collaboration avec ces pays afin de tenir compte de leur réalité et de leurs besoins. Cet objectif du développement responsable de l’IA qui bénéficie à tous est aussi bien ancré dans la mission du PMIA.   En synergie avec le travail accompli au niveau international, notre mandat comporte également le développement des compétences et le rayonnement international des différents intervenants au sein de l’écosystème de l’IA canadien.